Signé Lino Ventura - Clelia Ventura - 2007 - livre

Le 22 octobre 1987 disparaissait Angiolino Giuseppe Pasquale Ventura alias Lino Ventura. D'Angelo à Bastien Grimaldi, de Touchez pas au grisbi à La 7e Cible, l'ancien lutteur a autant grandi avec le cinéma français qu'il l'a élevé. Monstre sacré, gueule cassée, guerrier fragile, Lino n'a jamais été comédien, encore moins acteur. Sans artifice, cliché ni facilité, il donnait dans le juste, le percutant et le profond.
Vingt ans déjà, mais vingt ans seulement, tellement «son cinéma» est encore prégnant, palpable. Comme Gabin, Dewaere ou de Funès, Ventura n'est pas parti, il s'est absenté, sans débarrasser ses affaires de la grande maison du septième art. Clelia, sa fille, a livré son regard personnel et sincère sur ce qu'elle considère comme les vingt chefs-d'oeuvre de sa carrière : «Avec le recul, j'ai constaté à quel point certains des films de papa m'ont marquée. À travers vingt films, j'ai voulu rendre hommage à mon père, mais aussi à l'une des choses les plus importantes de sa vie, son cinéma», annonce Clelia Ventura. Vingt ans, vingt films ! C'est l'âme de Signé Ventura, son nouveau livre dans lequel elle dévoile ses impressions, ses anecdotes et les coulisses d'incontournables tels que Les Tontons flingueurs ou Le Clan des Siciliens et de chefs-d'oeuvre à découvrir comme Les Grandes Gueules ou Cadavres exquis.

Un beau livre vivant à travers le regard d'une incontestable cinéphile, amoureuse du septième art et de son acteur de père. Une démarche que Clelia Ventura a voulu accompagner de photos sublimes et de documents rares issus de sa collection personnelle. Le prototype de l'affiche des Tontons flingueurs, le plan de travail de La Gifle, le portrait télex du Silencieux ou le synopsis annoté par Ventura lui-même du Clan des Siciliens sont autant de trésors dissimulés dans cet ouvrage qui donnent encore un peu plus vie au cinéma de Lino, tellement haut en couleur.

Extrait du livre :
«Les seules erreurs que l'on fait dans sa vie c'est de faire quelque chose sans y croire vraiment !»
Lino Ventura

Tout a donc Commence un jour de 1953... Un «Rital» répondant au nom de Ventura, ancien lutteur et véritable figure du catch européen, se voit convoqué pour une rencontre des plus inattendues... Jacques Becker, un des grands cinéastes français de l'époque, veut le voir !
Cela fait des semaines que ce dernier cherche désespérément pour son prochain film, Touchez pas au grisbi, son Angelo, un d'Italien à forte gueule et belle carrure pour jouer face à Jean Gabin alias Max le Menteur. C'est alors qu'Emmanuel Cassuto, un des producteurs, pense à un ami perdu de vue depuis des années, Lino Ventura, qui pourrait bien faire l'affaire, et en parle à Jacques Becker. Ce dernier va avoir ce qu'on appelle «un coup de foudre cinématographique» dès qu'il verra mon père : enfin, il avait devant lui son Angelo. Cela n'empêchera pas mon père de refuser sa proposition : il a une profonde passion pour le cinéma en tant que spectateur, mais de là à franchir le pas... Et puis de toutes les façons, entre Mylène, sa nouvelle petite entreprise de layette, son métier de match maker et sa famille, aller faire l'acteur lui paraît proprement impensable, même face à Jean Gabin, son idole. Seulement Becker l'a dans la tête ce «Rital», cet inconnu d'un genre unique. Devant son insistance, mon père va faire les essais qui sont sidérants ! Même Jean Gabin sera époustouflé par sa présence et son formidable naturel. Becker, lui, tient son Angelo et n'en démordra pas. Mon père, toujours aussi peu convaincu, va alors exiger la somme astronomique d'un million d'anciens francs, qui n'était pas loin du cachet de Monsieur Gabin lui-même, étant persuadé qu'ils abandonneraient. Mais non ! La somme fut payée rubis sur l'ongle car Becker alla jusqu'à menacer la production de ne pas faire le film si celle-ci lui refusait Ventura !

Extrait du prologue

Fiche technique